Avec Richepin, Bernard et David, le style français est bien lancé. Il est assez différent de ce qui se développe en Angleterre avec les cryptic crosswords que nous détaillerons dans un autre article.
Forme En dehors de formes particulières pour des occasions qui le sont aussi, comme la grille ronde de la Coupe du Monde de football que nous avons republiée sur c site ou la grille en forme de sapin que nous avons proposée sur ce même site pour Noël, la grille reste rectangulaire.
Dimension Les dimensions les plus courantes sont 8 à 13 cases avec une surface de 81 à 130 cases. On trouve aussi de plus grandes grilles avec des problèmes en 15 par 15 et même 20 par 20.
Cases noires Dans les tailles courantes les problèmes sont bâtis avec un pourtour sans cases blanches. Certains auteurs, comme Jacques Bens, ajoutent à cette contrainte une absence de cases blanches sur les lignes et colonnes deux. Le pourcentage des cases noires tourne autour de 10%. Il peut être moindre selon la volonté et la technique du créateur. En poussant encore plus loin des auteurs, comme Georges Perec, se sont fait une spécialité d’un nombre minimum de cases noires. Georges Perec a publié bon nombre de grilles 9 sur 9 avec quatre cases noires et dans l’une d’entre elles on trouve seulement trois cases noires. On a, bien sûr, dans ces grilles des suites de lettres que réprouvent certains puristes ou des conjugaisons inhabituelles de verbes qui simplifient la recherche de la solution. Cela veut dire que grille avec peu de noires n’est pas synonyme de grande difficulté de résolution. Dans les grilles où une grande difficulté est recherchée le taux de noires peut être un peu plus fort et leur disposition régulière afin que les petits mots et les conjugaisons qui permettent d’inscrire des ébauches de solutions soient éliminés. Dans les journaux spécialisés les lecteurs semblent avoir une préférence pour les grilles de format régulier où les noires sont en nombre moyen, avec une répartition hasardeuse.
Vocabulaire C’est un domaine où règne une certaine liberté. On trouve les règles les plus strictes dans des associations comme l’ABC - Association Belge des Cruciverbistes -, devenue récemment Royale Association Belge des Cruciverbistes. Cette association prend comme référence une des éditions du Petit Larousse Illustré pour n’en changer que tous les 5 ans. Actuellement c’est celle de l’année 2010. A été ajouté aussi en 2010 Le Dixel (Editions le Robert). Dans ces ouvrage on se limite, en gros, aux termes en gras des parties nom communs et noms propres avec leur variantes singulier, pluriel, conjuguées ainsi que les abréviations, préfixes et suffixes, chevilles de deux lettres et initiales. Pour nombre d’autres auteurs on admet d’autres ouvrages de référence comme Le Robert ou d’autres glossaires spécifiques. Il arrive aussi que des lecteurs imposent certains points de vue et poussent à bannir des mots considérés comme scabreux ou polémiques. En dernier ressort, si l’auteur signe sa production, il reste maître des options qu’il choisit. Bien sûr une grille de même auteur, par exemple Robert Scipion, sera moins contrainte dans une revue satirique comme ‘Le Canard Enchaîné’ que dans une autre.
Définitions En dehors les problèmes signalés pour débutants, les verbicrucistes recherchent en général à dérouter le cruciverbiste par des définitions qui le poussent dans des impasses. Le terrain de la définition est un domaine d’énigmes, de ruses, de chausse-trapes, de guets-apens ou le double sens le dispute au piège. Le regretté Robert Scipion excellait dans cet exercice. Il proposait des assertions pleines de bon sens dans un ou plusieurs second sens. La qualité vient de ce que lorsque la solution a été trouvée alors la définition devient limpide. Quelques exemples avec des mots de trois lettres : Grande en Amérique du Nord, gigantesque en Amérique du Sud = RIO A bien accueilli Marius et César mais pas Fanny = AVE Elle a été blessée avec ce qu’il envoie = ARC Il est soûlant, mais elle est aussi soûlante ! = PUB
Difficulté En fait il est difficile de préjuger de la difficulté d’une grille. Il nous arrive un jour de bloquer sur quelque chose de simple et un autre jour de résoudre rapidement une grille plus difficile parce que l’on a eu la chance de trouver quelques mots clés de la solution. On devrait considérer qu’une grille doit pouvoir être résolue dans un temps raisonnable par une personne ayant une culture et des connaissances normales. Mais on ne peut guère aller très loin dans la précision de ce qui est raisonnable et normal ! On pourra seulement donner une indication, comme le font les étoiles de certaines revues : primaire, secondaire, supérieur ou expert. La difficulté peut provenir de mots rares. C’est certainement quelque chose qu’il faut éviter en dehors de concours spécifiques. Si l’on a un mot rare dans une grille il faut alors le compenser par une définition simple. J’ai rencontré récemment dans un des journaux gratuits distribués aux entrées de métro parisien une grille 10 sur 10 avec en potence les deux mots KELLERMANN et KERATOCONE. Dans la mesure où l’auteur est totalement libre de sa potence, il me semble que ce choix de mots ne correspondait pas vraiment à sa cible. Même avec un K on peut trouver des mots comme KILOGRAMME et KIDNAPPEUR qui restent tous deux dans des connaissances normales. Je note qu’ensuite le journal en question est revenu a un style plus simple. Peut-être des lecteurs ont-ils fait des remarques à ce sujet. Le niveau de difficulté est surtout modulé par le style même de la définition. Définition générale, définition spécifique, allusion à une connaissance littéraire, jeu sur des sens multiples d’un mot. Nous en avons déjà vu plusieurs exemples dans ces articles et ils abondent sur ce site. Voyez en particulier le forum et le concours de définition ou les indications accompagnant la solution de certaines grilles ce site.
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